Les grands flux d'immigration portugaise vers la
France se situent entre le milieu des années 1960 et la
fin des années 1970. Il s'agit d'une immigration de type
économique. La plupart des Portugais arrivés en France
sont venus dans l'objectif d'accumuler le plus d'argent
possible et de retourner dans leur pays. Naturellement,
au fur et à mesure que le séjour durait, les
perspectives de retour se faisaient de plus en plus
lointaines, l'immigration prenant un caractère plus
permanent.
A cette période, la France avait un fort besoin en
main-d'oeuvre, en partie résolu par l'arrivée des
nouveaux migrants. Comme il est connu de tous, la
plupart des immigrés portugais ont été embauchés dans le
secteur du bâtiment et des travaux publics. Les épouses,
qui les ont rejoints plus tard, se sont quant à elles
distinguées dans des emplois d'employées de maison.
Malgré toutes les difficultés inhérentes à l'immigration, ce que l'on observe est que pendant près
de quarante ans l'immigration portugaise en France s'est
littéralement « fondue » dans le tout de la population
française. Alors que l'on parle très souvent des
problèmes d'intégration des immigrés, il n'est fait que
rarement référence à la population portugaise. En fait,
je pense que plus que par une véritable intégration, les
Portugais en France se sont particulièrement
singularisés par leur discrétion : j'entends par
discrétion le fait qu'ils avaient sans doute en tête ce
dicton : « Na terra onde viveres, faz como vires fazer
»
(littéralement : « Dans le pays où tu vivras, fais ce
que tu verras faire »).
Ainsi, cette intégration s'est-elle opérée sans
conflits particuliers, tout comme celle des Italiens et
des Espagnols. Notons que les similitudes entre ces
trois cultures et la française sont fortes, que ce soit
en termes d'alimentation, d'habitudes vestimentaires, de
rythme de vie, de climat et évidemment en termes
religieux. Ces facteurs ont, sans doute, permis une
cohabitation sans conflits particuliers. Notons aussi
que le choix des Portugais de privilégier l'habitation
en maisons individuelles, ou en appartements issus du
secteur privé, les éloigne des circuits d'attribution
administrative de logements : que ce soit à travers
l'Etat ou les organismes d'HLM. Cela explique en partie
l'absence de fortes concentrations dans des cités et le
mélange facilité avec la population française.
De telles conditions sociales et professionnelles ont
sans doute permis une bonne répartition avec les
Français de souche. Naturellement, les Portugais comme
tous les immigrés ont souffert d'une certaine
xénophobie, qui s'est traduite dans le meilleur des cas
par des railleries. Toutefois, les années passant, ce
rejet s'est nettement amoindri. Les Portugais de France
ont conquis auprès des Français un statut de personnes
travailleuses, sérieuses et très souvent des amitiés se
sont créées. Nombreux sont les Français qui ont
découvert le Portugal grâce à leurs amis de là -bas
vivant en France. Plus encore, nombreux sont ceux qui
ont dans leur famille un parent portugais : déjà
en
1992, on avait célébré en France 3 382 mariages
franco-portugais ce qui, cette année là , représentait 11
% du total des mariages hexagonaux. Ayant moi-même vécu
cette immigration en tant que membre de la deuxième
génération, j'ai plu-tôt l'impression que ce sentiment de sympathie est
réciproque. Je n'ai jamais entendu aucun Portugais en
France, ou ayant vécu en France, dire qu'il détestait la
France ou les Français. Mon sentiment personnel (qui, je
le crois, correspond à celui de toutes les générations)
est que les Portugais ont globalement une très bonne
opinion du pays qui les a accueillis et de ses
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